La flexographie existait bien avant que le mot « flexographie » soit inventé. On l’appelait alors « impression à l’aniline ». La technique était sensiblement la même, à la différence qu’on utilisait de l’encre à base d’aniline. Déjà, cette technique servait, entre autres, à imprimer des emballages alimentaires, jusqu’à ce qu’on découvre que l’aniline était très dangereux pour la santé. D’autres encres ont alors remplacé l’aniline et, dans les années 50, pour éviter que le nom du procédé d’impression nuise à l’industrie, on lui a trouvé un nouveau nom : flexographie.

Les dessous du crayon à l’aniline

Dans son édition du 7 décembre 1875, le journal The Public Ledger annonce l’arrivée d’un nouveau produit sur le marché : le crayon à l’aniline. On y explique de quoi et comment il est fabriqué et on peut y lire que « l’action de l’eau sur l’aniline permet de tracer un trait foncé et inaltérable, d’une couleur ressemblant à l’encre ». Il faut donc mouiller la pointe du crayon pour activer l’« encre ».

Pour les étudiants, les reporters, les inspecteurs de police et tous les gens devant se déplacer constamment, le crayon à l’aniline est une invention purement géniale. Il offre un résultat similaire à la plume, mais pas besoin de traîner un encrier avec soi. Et si on n’a pas d’eau à portée de main, rien de plus simple que de mouiller le crayon avec le bout de sa langue!

Or, comme je le disais plus haut, l’aniline est hautement toxique.

Clairement à l’époque, on ignore ce détail. Prenez à témoin l’Annuaire de la jeunesse pour l’année 1890, où on dit aux jeunes que « quand on voyage, il est bon d’avoir sur soi un crayon (d’aniline de préférence), des enveloppes et des timbres-postes […] ».

Les archives font état de nombreux cas de blessures ou de maladies attribuables au crayon indélébile, un autre nom pour le crayon à l’aniline. Des enfants qui les mettaient dans leur bouche et en croquaient la mine, des travailleurs dont les coupures aux doigts entraient en contact avec l’encre, des étudiants épuisés qui se frottaient les yeux avec des doigts tachés d’aniline. Imaginez les résultats!

Heureusement de nos jours, le crayon à l’aniline a cédé la place au stylo à bille et les encres ne contiennent plus depuis longtemps ce fameux composant nocif. La flexographie est maintenant le procédé d’impression de choix pour les emballages alimentaires et autres types d’étiquettes.

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